Dracula
Bram Stoker
Mais en face de moi se tenaient trois jeunes femmes, des dames de qualité à en juger par leurs toilettes et leurs manières. À l’instant où je les aperçus, je crus que je rêvais car, bien que le clair de lune entrât par une fenêtre placée derrière elles, elles ne projetaient aucune ombre sur le plancher. Elles s’avancèrent vers moi, me dévisagèrent un moment, puis se parlèrent à l’oreille. Deux d’entre elles avaient les cheveux bruns, le nez aquilin, comme le comte, et de grands yeux noirs, perçants, qui, dans la pâle clarté
de la lune, donnaient presque la sensation du feu. La troisième était extraordinairement belle, avec une longue chevelure d’or ondulée et des yeux qui ressemblaient à de pâles saphirs. Il me semblait connaître ce visage, et ce souvenir était lié à celui d’un cauchemar, encore qu’il me fût impossible de me rappeler au moment même où et dans quelles circonstances je l’avais vu. Toutes les trois avaient les dents d’une blancheur éclatante, et qui brillaient comme des perles entre leurs lèvres rouges et sensuelles. Quelque chose en elles me mettait mal à l’aise, j’éprouvais à la fois désir et épouvante. Oui, je brûlais de sentir sur les miennes les baisers de ces lèvres rouges. Peut-être voudrait-il mieux ne pas écrire ces mots ; car cela pourrait faire de la peine à Mina si elle lit jamais mon journal ; et pourtant, c’est la vérité. Les trois jeunes femmes bavardaient entre elles, puis elles riaient, d’un rire musical, argentin, qui pourtant avait un je ne sais quoi de dur, un son qui semblait ne pas pouvoir sortir de lèvres humaines. C’était comme le tintement, doux mais intolérable, de verres sous le jeu d’une main adroite. La blonde hochala tête d’un air provocant tandis que les autres la poussaient.

Mademoiselle Rachel
William Etty
1840
Dracula
Francis Ford Coppola
Monica Bellucci, Michaela Bercu, Florina Kendrick
1992