Cyrano de Bergerac
Edmond Rostand
Cyrano.
(…)
Alors moi, j’aime qui ? ... Mais cela va de soi !
J’aime - mais c’est forcé ! – la plus belle qui soit !
Le bret.
La plus belle ? ...
Cyrano.
Tout simplement, qui soit au monde !
La plus brillante, la plus fine,
(Avec accablement.)
La plus blonde !
Le bret.
Eh, mon Dieu, quelle est donc cette femme ? ...
Cyrano.
Un danger
Mortel sans le vouloir, exquis sans y songer.
Un piège de nature, une rose muscade
Dans laquelle l’amour se tient en embuscade !
Qui connaît son sourire a connu le parfait.
Elle fait de la grâce avec rien, elle fait
Tenir tout le divin dans un geste quelconque,
Et tu ne saurais pas, Vénus, monter en conque,
Ni toi, Diane, marcher dans les grands bois fleuris,
Comme elle monte en chaise et marche dans Paris !…
Le bret.
Sapristi ! Je comprends. C’est clair !
Cyrano.
C’est diaphane.
Le bret.
Magdeleine Robin, ta cousine !
Cyrano.
Oui, — Roxane.

Portrait d'une jeune femme
Elisabeth-Louise Vigée-Lebrun
1783
Cyrano de Bergerac
Jean-Paul Rappeneau
Anne Brochet
1990